Aristote, père de la science
Publié le 30 mai 2016. Par La rédaction de Books.

Aristote par Francesco Hayez
Aristote reposerait à Stagire, sa ville natale. C’est ce qu’affirme un groupe d’archéologues, qui cherche depuis vingt ans le tombeau du philosophe. Le doute qui subsiste sur le lieu de son dernier repos plane également sur son héritage. Les écrits savants d’Aristote ont été en grande partie invalidés. N’a-t-il pas affirmé que la Terre était immobile, et que les étoiles tournaient autour d’elle. Dans The Lagoon, le scientifique néerlandais Armand Marie Leroi veut néanmoins redorer le blason du philosophe. Selon lui, Aristote est le père de sa discipline, la biologie, voire de la science elle-même. Leroi s’intéresse moins aux conclusions du penseur Grec qu’à sa démarche. Se concentrant sur son Histoire des animaux, il soutient qu’Aristote a créé une philosophie de la nature fondée sur la preuve, mêlant empirisme et logique : le philosophe observe, accumule les faits et cherche à les articuler de manière à leur donner un sens. La grande innovation d’Aristote, selon Leroi, est d’avoir su se détacher des principes de Platon, son maître, pour qui il fallait ignorer l’expérience et chercher la vérité par la seule raison. Dans son Histoire des animaux, au contraire, Aristote accumule les observations (près de neuf mille) et décrit cinq cents espèces. Il s’intéresse à tout, des organes génitaux des hyènes aux flatulences des éléphants en passant par l’estomac des escargots. Ses déductions ne sont pas toujours justes. Il s’est, entre autres, trompé sur la position de la bouche du dauphin, sur les anguilles et sur l’origine du monde. Si Leroi veut faire d’Aristote le père de la science grâce à sa démarche empirique, il se garde bien d’en faire le premier scientifique au sens moderne. Le philosophe n’avait pas encore saisi la possibilité de créer des situations artificielles pour tester ses hypothèses. Les premières expériences n’apparaîtront que plusieurs siècles après sa mort.