Les Français n’ont pas attendu Galton pour développer des idées eugénistes. Dès 1756, Charles-Augustin Vandermonde, fondateur du
Journal de médecine, publie un
Essai sur la manière de perfectionner l’espèce humaine : « Puisque l’on est parvenu à perfectionner la race des chevaux, des chiens, des chats, des pigeons, des sereins
[sic], pourquoi ne ferait-on aucune tentative sur l’espèce humaine ? » Dans sa fameuse
Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, achevée en 1793, Condorcet, promoteur des droits des femmes, prône la contraception, réfléchit aux perspectives de l’insémination artificielle et préconise de « modifier l’organisation naturelle de l’homme » : « Les facultés physiques […] ne sont-elles pas au nombre de ces qualités dont le perfectionnement individuel peut se transmettre ? L’observation des diverses races d’animaux domestiques doit nous porter à le croire […]. Enfin, peut-on étendre ces mêmes espérances jusque sur les facultés intellectuelles et morales ? » Peu après la mort du mathématicien, guillotiné en 1794, son ami le médecin Cabanis écrit : « Après nous être occupés si curieusement des...