Les quatre vérités sur la route de la soie
Publié le 22 mars 2016. Par La rédaction de Books.
Des archéologues chinois affirment, dans une nouvelle étude, que la route de la soie aurait traversé les sommets du Tibet. Il faut dire que le tracé de cet itinéraire, qui jouit toujours d’une aura mythique, est pour le moins incertain. En fait, l’artère commerciale florissante reliant l’Europe et la Chine dès l’Antiquité et le Moyen Age n’existait pas vraiment, assure l’historienne américaine Valerie Hansen, dans The Silk Road.
Une invention récente
Cette voie mythique a été « découverte » à la fin du XIXe siècle par un géographe allemand, Ferdinand von Richthofen. Il forge l’expression « route de la soie » en faisant des recherches alors qu’il est chargé de tracer une voie ferrée entre l’Allemagne et la Chine.
Des routes désertes
D’axe unique entre la Chine et Antioche via la Perse et l’Asie centrale, il n’y a pas. Des marchandises ont bien cheminé d’un bout à l’autre, mais en suivant une multitude de parcours. « La route de la soie fut l’un des itinéraires les moins empruntés de l’histoire », ajoute Valerie Hansen. Seuls sont attestés des réseaux d’échange locaux, dont le terminus occidental était la Perse, et non l’Empire romain.
Pas de soie
Dans ces échanges, la soie n’était pas une marchandise très importante. Le cuir et le papier étaient au moins aussi présents. En revanche, elle servait de monnaie, précise Hansen. Un moyen de paiement pas si encombrant, puisqu’à valeur égale les pièces de bronze pesaient bien plus lourd. Et surtout, le prix de la soie restait stable, ce qui n’était pas le cas de la monnaie.
Des réfugiés
Mais sur les routes de la soie ont voyagé des groupes d’hommes, les plus influents étant les réfugiés, selon Hansen. Car ils ont transporté avec eux leur culture et leur religion. L’historien Peter Frankopan ajoute, dans The Silk Roads, que le christianisme des premiers temps était profondément asiatique, s’étendant en Mésopotamie et, au Nord, jusqu’aux steppes. Des archevêchés furent établis à Merv et à Kachgar, les portes de la Chine, bien avant de l’être à Canterbury.
En savoir plus : Le mirage de la route de la soie, Books, mars 2014.