Une vraie performance d’écrivain

Pour juger par lui-même de la prétendue médiocrité du style d’Hitler, un professeur de littérature entreprend de le lire. C’est une épreuve, certes, mais qui permet de comprendre le succès de l’ouvrage. Il découvre, derrière l’homme à l’orgueil démesuré, un écrivain efficace, en pleine possession de ses moyens, qui manie des procédés rhétoriques parfois sophistiqués. Le grand orateur savait toucher sa cible par écrit.

Avant l’arrivée au pouvoir des nazis en janvier 1933, 241 000 exemplaires de Mein Kampf avaient trouvé preneur. Après, les ventes atteignirent des sommets : pendant la seule année 1933, près de 1 million d’exemplaires ont été vendus. En 1939, plus de 5 millions de volumes au total avaient été ou commercialisés ou distribués à l’occasion de remises de prix dans les écoles, de mariages, d’adhésions au parti et autres événements du même acabit. En 1944, le chiffre flirtait avec les 12 millions. Mais quid de la réception réelle ? Le livre fut-il également lu à grande échelle ? Pas du tout, lit-on couramment. Mein Kampf passe pour le best-seller le moins lu de l’histoire allemande. Pour comprendre comment cette opinion s’est installée, il faut prendre connaissance de l’enquête de plus de 600 pages qu’un ancien collaborateur de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich, Othmar Plöckinger, a publié en 2006 (1) . Selon lui, ce sont les rivaux nazis d’Hitler et ses opposants qui ont très tôt répandu l’idée que même les membres les plus éminents du parti n’avaient pas eu la patience...
LE LIVRE
LE LIVRE

Mein Kampf de Adolf Hitler, Les Nouvelles Editions latines, 1934

ARTICLE ISSU DU N°75

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