Pourquoi rééditer Mein Kampf


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Hitler et ses comparses (de gauche à droite : Emil Maurice, Hermann Kriebel, Rudolf Hess et Friedrich Weber) dans la luxueuse prison de Landsberg, en 1924. Arrêté après l'échec calamiteux du putsch de la Brasserie, il commence à rédiger son brûlot et en lit des extraits à ses codétenus.

Hitler s’est suicidé il y a plus de sept décennies, mais rien n’y fait : Mein Kampf, l’unique texte qu’il ait publié de son vivant, reste l’ouvrage tabou par excellence. On peut, sans trop choquer ses voisins, lire ouvertement le journal intime d’un Goebbels dans le métro. Avec Mein Kampf, c’est inenvisageable. Ce livre sent le soufre. Il passe pour une boîte de Pandore, le mal fait texte. Quand, lors d’un séjour en Sardaigne, le germaniste Helmuth Kiesel a voulu enfin juger le « monstre » par lui-même, il a bien pris soin de le dissimuler dans un magazine. C’était en 2014. Depuis, « le livre le plus dangereux du monde » est tombé dans le domaine public – le 1er janvier 2016 – et il vient de faire l’objet d’une édition savante. C’est à cette édition, réalisée par l’Institut d’histoire contemporaine de Munich et fruit de plusieurs années de travail, que ce dossier est consacré. Sa publication a suscité des remous outre-Rhin. Pourtant, jamais le brûlot d’Hitler n’avait été commenté de façon aussi riche et précise, jamais les innombrables inexactitudes et mensonges qu’il contient n’avaient été ainsi traqués et réfutés. Plus que tout autre ouvrage, Mein Kampf a nourri des légendes : Hitler ne l’aurait pas écrit seul, personne ne l’aurait lu puisqu’il s’agissait d’un livre illisible… Il était temps, plus que temps, de le démystifier.   — Dossier réalisé par Baptiste Touverey.   Dans ce dossier :    

Pour aller plus loin

Hitler. Jeunesse et conquête du pouvoir, 1889-1933, de Joachim Fest, traduit de l’allemand par Guy Fritsch-Estrangin avec la collaboration de Marie-Louise Audiberti, Michel Demet et Lily Jumel, Gallimard, 1973. Ce premier tome d’une biographie de référence consacre de bons développements à Mein Kampf.

Hitler, 1889-1936, de Ian Kershaw, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, Flammarion, 1999. Le premier tome de l’autre biographie de référence.

Geschichte eines Buches : Adolf Hitlers « Mein Kampf, 1922-1945 (« Histoire d’un livre : Mein Kampf d’Adolf Hitler, 1922-1945 »), d’Othmar Plöckinger, Oldenbourg, 2011. L’ouvrage le plus informé sur Mein Kampf. Malheureusement non traduit en français.

ARTICLE ISSU DU N°75

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