Publié dans le magazine Books n° 73, février 2016. Par Piers Brendon.
Les relevés bancaires de l’homme d’État révèlent l’étendue de ses dépenses : il se ruinait en cigares, en voitures et en belles demeures.
Si les révélations contenues dans ce livre à propos de ses finances personnelles avaient été connues en 1940, Winston Churchill ne serait peut-être pas devenu Premier ministre. Ce que montre David Lough en détail, c’est que ce grand adepte du risque en politique était encore plus téméraire en privé. Les Britanniques auraient certainement considéré que le sort du pays ne pouvait être confié à un individu aussi irresponsable dans la gestion de sa fortune. Heureusement pour le Royaume-Uni, son sauveur sut soigneusement dissimuler son incurie chronique.
Dans ses documents privés, Churchill a pourtant conservé une bonne part des pièces à conviction. Lough, qui a méticuleusement dépouillé les archives, nous offre aujourd’hui l’étude la plus complète possible de tous les comptes de l’homme d’État ; il a même obtenu de Mary Soames, peu avant sa mort, l’autorisation d’examiner les relevés bancaires de son père, toujours conservés à la Lloyds.
Bien sûr, nous connaissons dans les grandes lignes sa prodigalité, un trait de famille. La mère de Winston l’accusant d’être « un panier percé », il répliqua non sans raison (en 1898) qu’...