Extrait – La passion des bains publics

Kafka a fréquenté toute sa vie avec ardeur les bains installés de long de la Moldau. L’expérience d’une liberté corporelle non sans rapport avec la sexualité et l’angoisse de la mort.

Les « écoles de natation », ces bains le long de la Moldau, portaient bien leur nom car des cours y étaient effectivement dispensés par des maîtres-nageurs diplômés, qui portaient un uniforme et disposaient de tout le matériel d’appoint imaginable. Ces leçons étaient couronnées par un examen rigoureux conférant, en cas de succès, le titre de « breveté de natation premier degré » – un stage de formation auquel se soumettaient de nombreux adultes. Mais les écoles de natation comptaient surtout parmi les très rares endroits (avant l’ère du sport) où une activité physique presque débridée était tolérée. Tous les écoliers de Prague – condamnés à rester assis trente heures par semaine – connaissaient sans doute sur le bout des doigts les horaires d’ouverture et le prix d’entrée. On trouvait des bains de ce genre sur les deux rives du fleuve et tous étaient construits sur le même modèle. Ils consistaient en une large structure de bois flottante fixée à la rive au moyen de chaînes, que l’on renforçait chaque printemps pour prévenir les dégâts causés par la glace à...
LE LIVRE
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Kafka. Les premières années de Reiner Stach, S.FIscher, 2014

ARTICLE ISSU DU N°72

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