Les belles frontières de l’Europe
Publié le 3 décembre 2015. Par La rédaction de Books.
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Face à l’afflux de migrants, Bruxelles et certains pays membres sont prêts à tout pour mieux contrôler les frontières de l’Union Européenne, quitte, pourquoi pas, à exclure la Grèce de l’espace Schengen. Même sans crise humanitaire, l’Europe est incapable de définir ses frontières géographiques extérieures comme intérieures. Ses limites sont plus temporelles que physiques, explique le géographe français Michel Foucher dans L’Obsession des frontières. Ses bornes sont marquées par l’avant UE, l’avant CEE, l’avant CECA. « L’Autre Europe depuis 1945 a été son propre passé, y compris avec la rupture de 1989 et les tragédies balkaniques, il n’est pas possible de trancher sur la question des frontières de l’Europe puisque la finalité et le ressort de l’entreprise sont d’atteindre à l’unité européenne, figure inverse de la division querelleuse. L’Autre se situait dans le temps ; depuis 1989, l’Autre est le voisin, bon de préférence comme l’entend la politique éponyme », écrit Michel Foucher.
Difficile pour l’Union Européenne de s’imaginer avec des frontières intemporelles, puisque sa finalité est la paix et son moyen est l’unité européenne. Le débat autour de l’élargissement n’a jamais abouti à une conclusion, il n’a même jamais donné lieu à la création d’un groupe de travail. En parallèle, toutes les frontières intérieures sont tombées. « La méthode schumanienne de dévaluation des frontières internes reste à la base de la construction européenne, explique Michel Foucher; elle rend difficile de concevoir une approche plus classique pour définir des contours extérieurs : s’y résoudre, ne serait-ce pas renier un acquis producteur de paix ? »