Presque aucune de nos activités, même les plus anciennes ou les plus respectées, n’échappe à l’effet Internet – le commerce, la musique, la prostitution, la littérature… La critique littéraire non plus, presque aussi vieille que la littérature elle-même (Platon et Aristote en sont les grands ancêtres).
La critique remplit une double mission : réjouir le lecteur et le guider dans ses choix. Elle est à la fois un service et un art. Mais aujourd’hui l’art du critique et le service qu’il rend sont dissociés, et le Web n’y est pas pour rien. La critique « des professionnels et des artistes » (
dixit Albert Thibaudet, grand théoricien du sujet), perdure grâce aux grandes plumes qui maintiennent le flambeau dans les pages de certains journaux et magazines. En revanche, pour ce qui est de la « critique des honnêtes gens, ou critique spontanée faite par le public lui-même », c’est le Web qui semble avoir pris le relais. Car face à la prolifération des livres (un nouveau titre par minute aux États-Unis, ou toutes les huit minutes en France) et au rétrécissement concomitant du...