Publié dans le magazine Books n° 70, novembre 2015. Par Iouri Bouïda.
Dans l’un de ces lieux improbables et délabrés de la Russie stalinienne, un gamin de 7 ans découvre en même temps l’épouvante, la honte, l’amour et la mort.
L’Afrique, c’est une façade décorée de fausses colonnes délabrées, du plâtre effrité, un rez-de-chaussée aux fenêtres condamnées, un toit plein de trous rafistolé tantôt avec des plaques de tôle ou de fer-blanc, tantôt avec des planches posées n’importe comment. On devinait au-dessus de l’entrée les vestiges d’un blason ayant appartenu à un certain Afrikan Pétrovski, l’un des anciens propriétaires de la maison : en haut, trois étoiles à l’intérieur d’un cercle, et dessous, une main gantée de fer tenant un sabre tatar recourbé. Tout autour du bâtiment, des buissons de sureau, du lilas, des tas de bûches moisies, des amas de détritus, des monceaux de briques cassées et de ferraille rouillée. À l’intérieur, cela sentait les crottes de souris et la naphtaline, des touffes d’étoupe sortaient des fentes, le froid et l’humidité pénétraient par les trous du plancher. Les habitants avaient déménagé depuis longtemps, il ne restait plus qu’Ida, qui occupait à l’étage un appartement de trois pièces avec cuisine.
En quelque quatre...