Les premières photos choc
Publié le 3 septembre 2015. Par La rédaction de Books.
Alice Seeley Harris
La photographie a contribué à révéler la première grande cause humanitaire du XXe siècle. Derrière l’appareil, des missionnaires occidentaux, et notamment une certaine Alice Seeley Harris, en poste au Congo au tournant du siècle. L’histoire est racontée par Christina Twomey dans The violence of the image. Ces photos montraient des hommes, des femmes, des enfants mutilés, le plus souvent une main ou un pied coupé. Ils étaient victimes de la politique du roi belge Leopold II qui exerçait alors sa souveraineté personnelle sur le Congo. Pour tirer le maximum des ressources naturelles de la région, il y appliqua un régime d’exploitation féroce et de travail forcé. Ceux qui refusaient de travailler ou de s’acquitter de l’impôt en caoutchouc étaient brutalisés et voyaient les membres de leur famille mutilés, ou tués.
Très vite, des missionnaires américains et européens ont alerté l’opinion. Leurs photos ont notamment marqué le journaliste anglais Edmund Dene Morel, fondateur de l’Association pour la Réforme du Congo, l’une des premières organisations humanitaires. Son livre, Red Rubber, reprenait certaines des images d’Alice Harris. Tout comme le faisait le pamphlet de Mark Twain contre le monarque belge. Dans Le Soliloque du roi Léopold, l’écrivain américain lui fait dire : « Le kodak a été une vraie calamité pour nous, notre ennemi le plus irréductible. »