Le pouvoir curatif des livres, on le connaît depuis l’Antiquité. Sur le fronton de la bibliothèque grecque de Thèbes était gravé : « Ici on soigne l’âme. » Mais c’est à l’Amérique qu’il revient d’avoir redécouvert les vertus thérapeutiques de la lecture, et inventé le mot et la notion de bibliothérapie, voici presque un siècle.
L’approche américaine – comment s’en étonner ? – est à la fois rigoureuse et pragmatique, voire clinique. Les pionniers de la bibliothérapie étaient souvent des bibliothécaires d’hôpital qui considéraient les livres sur leurs étagères comme autant de potions pharmaceutiques, simplement plus plaisantes. Du coup, on a multiplié les enquêtes d’efficacité, généralement très positives, et cherché à savoir le plus précisément possible quel livre était efficace contre quoi. D’où la multiplication des listes, voire de méta-listes recensant des ouvrages de « self-help », disponibles sur Internet ou auprès de spécialistes grassement rémunérés. Les prescriptions sont étonnamment concordantes, mais sans grand risques : contre les traumatismes d’une enfance difficile,
Oliver Twist ; contre ceux de l’amour :
Anna Karé...