Publié dans le magazine Books n° 68, septembre 2015. Par Malise Ruthven.
Nous ne gagnerons pas la bataille contre le djihadisme si nous ne reconnaissons pas ce qui attire des milliers de volontaires du monde entier vers cet islam millénariste. Il s’agit de participer à la lutte finale entre le bien et le mal, prélude à l’Apocalypse. Cette idéologie s’inscrit dans une longue tradition venant aussi bien de la pensée islamique que chrétienne. Via Internet, elle aimante des jeunes désorientés en quête d’espoirs et de repères. À l’image d’Adèle, fille d’un couple d’intellectuels parisiens.
Il est clair désormais qu’une énorme pression pèse sur Barack Obama pour qu’il intensifie sa campagne contre Daech. À la mi-février, alors que la Maison-Blanche accueillait un sommet international contre la violence extrémiste au cours duquel le président s’est déclaré « en guerre contre des gens qui ont perverti l’islam », la presse apprenait de source interne au Pentagone que la reconquête de Mossoul, probablement avec un soutien militaire américain significatif, était planifiée pour le mois d’avril. (1) Cela faisait suite à l’annonce faite par Barack Obama de son intention de demander l’autorisation formelle du Congrès pour lancer une offensive généralisée contre Daech dans l’ouest de l’Irak et l’est de la Syrie, annonce assortie de ces mots : « Notre coalition est passée à l’offensive […] et [le groupe] va perdre ».
Mais vaincre l’État Islamique représente un défi gigantesque. L’organisation est extrêmement bien armée depuis qu’elle a mis la main sur des stocks des forces syriennes et irakiennes. Et l’on compte parmi ses principaux chefs militaires d’anciens officiers du régime baasiste de Saddam Hussein,...