Le nihilisme d’Al-Qaïda face à l’utopie de Daech
Publié le 2 juin 2015. Par La rédaction de Books.
Daech a fait d’Internet l’outil de sa propagande avec 2600 sites uniquement dans la langue de Molière et 40 000 tweets en français par jour, selon des sources gouvernementales. Cette campagne, ajoutée aux vidéos d’exécutions ultra-violentes et de destruction d’œuvres d’art, en fait un groupe terroriste bien différent de son cousin Al-Qaïda. Jessica Stern et J. M. Berger, dans Isis : The State of Terror, comparent leurs deux techniques d’endoctrinement. Ils opposent Al-Qaïda, une multinationale nihiliste et naïve, à Daech, la start-up populiste et utopiste.
Le mouvement de Ben Laden attend la révolution pour mettre en place le califat dont il rêve. Il espère mettre les masses en mouvement grâce à ses attentats spectaculaires et n’imagine pas atteindre son objectif ultime rapidement.
Daech, lui, préfère encadrer très strictement les musulmans radicalisés pour les conduire directement à ses bases et sa société islamiste utopique. La violence de ses messages et vidéos ciblant des ennemis et objectifs en adéquation avec les prophéties de la fin des temps selon l’islam est destinée à attirer les jeunes gens en rupture. On y voit des « publicités » pour les infrastructures du califat (cliniques, maisons de retraite…) et des témoignages de civils ravis. « Un appel, écrivent Stern et J. M. Berger, pour les non combattants, hommes ou femmes, à construire un Etat-nation aux côtés des guerriers, avec un rôle pour les ingénieurs, médecins, réalisateurs, informaticiens et même les agents de la circulation ».