Et si Darwin avait parlé le volapük ?

Soucieux de faciliter leurs échanges par-delà les frontières, les scientifiques de la fin du XIXe siècle prenaient très au sérieux les langues construites.

Pourquoi l’anglais s’est-il imposé comme la lingua franca des sciences ? Michael D. Gordin n’a pas de réponse simple. Avec « La Babel de la science », cet universitaire américain ne prétend pas produire une grande histoire unifiée des langues scientifiques. Mais plutôt « examiner comment la science chercha, à travers les âges, à atteindre des vérités universelles par le truchement de différentes langues. Et comment ont émergé puis décliné certaines langues dominantes », précise dans Prospect le journaliste Philip Ball. Ainsi que l’explique Gordin, la suprématie actuelle de l’anglais n’avait rien d’inéluctable, pas plus que celle du latin à la Renaissance. Si la préférence de la communauté scientifique alla à l’époque à ce dernier, « ce n’était pas seulement parce que l’on trouvait pratique d’avoir une langue commune (l’italien aurait aussi bien fait l’affaire), mais également en raison de son lien symbolique avec une vision idéalisée de l’Antiquité », écrit Ball. La domination du latin avait beau paraître solidement établie, elle s’atténua dès la fin XVIIe siècle, au profit d’un triumvirat...
LE LIVRE
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La Babel de la science de Michael D. Gordin, University of Chicago Press, 2015

ARTICLE ISSU DU N°66

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