Influente philosophe et romancière, Ayn Rand, née Alissa Zinovievna Rosenbaum, tenait salon à New York. C’était dans les années 1950. L’un de ses jeunes fidèles était Alan Greenspan, l’ancien président de la Banque centrale américaine, dont la mine sinistre lui valut d’être surnommé par elle « le croquemort ». Il monta dans son estime en faisant l’éloge du manuscrit de son dernier roman, Atlas Shrugged (« Atlas haussa les épaules »). Paru en 1957, cet ouvrage-fleuve au titre sibyllin (l’explication se trouve à la page 422 de la première partie) fut un
bestseller… et le resta, sans désemparer. Il s’en est vendu 150 000 exemplaires en 2006. Mieux, les ventes ont fait un nouveau bond après la crise financière, au point de dépasser un moment, en janvier 2009, celles du livre de Barack Obama,
The Audacity of Hope (
L’Audace d’espérer). Comment expliquer ce phénomène ?
Livre-culte du libéralisme, le roman d’Ayn Rand est une ode à l’énergie individuelle, à l’esprit d’indépendance et une charge contre le risque que ferait peser l’intervention croissante de l’État sur la liberté des...