Le monde merveilleux de la transparence
Publié dans le magazine Books n° 50, janvier 2014. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Le patron de Facebook l’a dit, le vice-président de Google l’a confirmé : la vie privée est une notion vieillotte, inadéquate, condamnée. L’heure est à la transparence, de soi-même et des autres.
Dans le principe, rien de bien nouveau. Certains auteurs de journaux intimes pratiquaient déjà un auto-dévoilement très poussé ; et Andy Warhol ou Truman Capote, pour ne citer qu’eux, n’hésitaient pas à révéler les turpitudes des autres.
Ce qui est nouveau, en revanche, c’est l’extension du domaine de la transparence au politique, voire, contre l’avis formel de Richelieu (« Le secret est l’âme des affaires »), au diplomatique (comme en témoignent les affaires WikiLeaks et Snowden, notamment). L’autre grande différence, c’est le changement d’échelle. Les « lifeloggers » enregistrent en permanence ce qui se passe autour d’eux, et même en eux, accumulant chaque année des masses de données qui laissent les grands auteurs d’autobiographies, comme Robert Musil, loin derrière. Les auteurs de « selfies », quant à eux, inondent le Net de photos d’eux-mêmes, au mépris du ridicule, décidément non mortel. Avec la...
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