Comme le souligne Graham Robb, la « découverte » de la France – par ses hommes politiques, ses bureaucrates, ses cartographes, ses statisticiens, ses ingénieurs, ses folkloristes, ses touristes et, jusqu’à une date relativement récente, ses habitants, dans les rares cas où ils s’aventuraient loin de leur clocher – aboutit presque invariablement au troc d’un ensemble d’illusions ou préjugés contre un autre. Auteur de superbes biographies de Balzac, Hugo et Rimbaud, Robb est comme un poisson dans l’eau du XIXe siècle ; mais il ne partage pas la foi aveugle de l’époque dans le progrès, ni la vision parisianiste de ceux qui, tel Baudelaire, s’opposaient aux conventions de leur temps. Par moments,
The Discovery of France a donc des allures de jeu intellectuel, où le lecteur se plaît à imaginer le visage qu’aurait eu le pays si Paris n’avait pas existé.
Robb nous présente tout d’abord une France qui, à certains égards, n’a guère changé depuis l’Antiquité romaine. Jusque très avant dans le XIXe siècle, il s’agit moins d’une nation que d’un ensemble de tribus habitant un immense espace...