Publié dans le magazine Books n° 7, juillet-août 2009. Par Michiko Kakutani.
Dans un pamphlet qui a fait beaucoup de bruit, le Californien Andrew Keen prend à partie les idolâtres de la nouvelle « démocratie » de l’Internet. Il considère que les sites participatifs comme MySpace et YouTube favorisent la médiocrité, le narcissisme et le conformisme. Analysant Wikipédia et d’autres sites d’information, il dénonce un « culte de l’amateur », qui tend à se substituer au respect de la qualité et au savoir de l’expert. Dernier avatar d’Internet, le Web 2.0, qui désigne tous ces espaces participatifs, se construit sur une idéologie du superficiel qui menace les fondements de la culture traditionnelle – et son industrie.
Les adeptes de l’utopie numérique ont salué l’aube d’une ère où le Web 2.0 – caractérisé par une nouvelle génération de sites participatifs comme MySpace.com et YouTube.com, qui mettent en avant le contenu proposé par l’utilisateur, la construction d’un réseau social et le partage interactif – ouvre la voie à la démocratisation du monde : davantage d’informations, de perspectives, d’opinions, davantage de tout, et en général sans filtre ni rien à payer (1). Pourtant, le Web 2.0 a aussi son envers, moins attrayant. C’est ce que souligne Andrew Keen, entrepreneur dans la Silicon Valley, dans son livre provocateur.
Selon Andrew Keen, « la révolution du Web 2.0 favorise les observations superficielles au détriment de l’analyse en profondeur, les opinions à l’emporte-pièce au détriment du jugement réfléchi ». De son point de vue, le Web 2.0 est en train de transformer le paysage culturel, et pas pour le meilleur. En sapant les médias classiques et les droits sur la propriété intellectuelle, il crée un monde où « l’essentiel de la musique que nous entendrons sera composée et exécutée par des amateurs ; où...