Bernard Granger : « S’il suffisait de jouer au ballon pour guérir la dépression… »
Publié dans le magazine Books n° 29, février 2012.
Le marketing de Big Pharma et le réductionnisme biologique valent d’être dénoncés, mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Heureusement pour les personnes qui souffrent, les psychotropes sont souvent bien plus efficaces que des placebos.
Peut-on dire que compagnies pharmaceutiques exercent aussi en France une influence directe sur les décisions des autorités sanitaires chargées d’autoriser la mise sur le marché des psychotropes ?
Directe et indirecte. Directe, car ce sont les firmes qui préparent les dossiers soumis aux agences de régulation, en essayant de présenter les données dans un sens favorable à leurs intérêts (1). Indirecte, par leurs implications dans la formation et l’information qu’elles délivrent aux médecins prescripteurs et au grand public. Je ne parle pas du financement des activités politiques ou des subventions en tous sens que l’industrie accorde aux décideurs et aux leaders d’opinion, comme on l’a vu récemment à l’occasion du scandale du Mediator.
Les laboratoires influencent-ils ici également le contenu des messages transmis lors des congrès de psychiatrie ?
Oui, car ils financent en grande partie les manifestations dites scientifiques, et cela ne...