L’ancêtre de tous les populistes
Publié dans le magazine Books n° 35, septembre 2012. Par Johan Schloemann.
Il était jeune, beau, sportif, fourbe et démagogue. Doué de tous les talents, l’Athénien Alcibiade attira sur sa patrie des malheurs sans précédent.
Alcibiade recevant les leçons de Socrate, François-André Vincent
Alcibiade, fils de Clinias, était pour le public de la démocratique Athènes une sorte d’étrange mélange de Karl-Theodor zu Guttenberg, Gerhard Schröder et Diego Maradona (1). Issu de la plus haute aristocratie, c’était un vrai phénomène ; un enfant gâté, excentrique et violent, intimement convaincu dès le plus jeune âge de sa supériorité. Il portait une longue chevelure et de luxueux vêtements, et suscitait le désir aussi bien chez ses aînés pédérastes que chez les femmes volages. Il fut de tous les scandales, sexuels comme religieux, mais son charme était tel qu’on lui pardonna beaucoup.
Alcibiade, à l’instar de son tuteur, le grand homme d’État Périclès, se mit au service de la démocratie athénienne, une démocratie directe qui garantissait une grande influence politique aux personnalités charismatiques. L’éloquent jeune homme alliait une éducation complète – philosophie, littérature, danse, musique, mais aussi sport et chasse – et une élégance hédoniste à une brutalité et une roublardise dénuées de tout scrupule. Représentant la majorité, les citoyens ordinaires, ceux qui en fin de compte décidaient...
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