L’irrésistible montée du « solo »

Le regard d’apitoiement que nous portons encore sur les célibataires est complètement dépassé. L’urbanisation, l’émancipation des femmes, les nouvelles technologies, le culte de l’individu et l’allongement de la vie conduisent ensemble à l’essor de ce phénomène, de plus en plus facile à vivre. À la clé, l’atomisation sociale ou la réinvention inattendue du collectif ?

Aussi sûrement qu’Orion fait à l’automne son apparition dans le ciel étoilé, une curieuse constellation apparaît chaque année, au printemps, sur les écrans des multiplexes : les comédies romantiques et les couples qui y déambulent, à la recherche de l’amour. Voilà des gens dont les problèmes ont tendance à être très différents des nôtres. Elle est bien dans sa peau, très reconnue dans un travail à vous flanquer des ulcères, seule. Il est sensible, créatif, doté d’un appartement étonnamment vaste, sans attaches. Malgré tous ces atouts, rien ne parvient à adoucir leur solitude. Il s’essaie à la cuisine. Elle collectionne les vieux 33 tours. Il cherche l’amour dans les bras de bavardes narcissiques. Elle passe toutes ses nuits au bureau. Finalement, sa meilleure amie, qui peut aussi être sa mère divorcée, lui dit que ça ne peut plus durer, qu’elle est en train de dilapider ses plus belles années ; qu’elle va finir seule et désespérée. De l’autre côté de la ville, il écoute son meilleur copain, marié à une certaine Debbie, chanter les joies de la vie à deux. Rien de tout...
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ARTICLE ISSU DU N°36

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