Du sang frais pour les jeunes

« Je me suis réveillée ce matin après avoir fini le dernier Hunger Games de Suzanne Collins avec mal à la tête… à force de pleurer non-stop, écrit Ashley Whitlatch sur le site « Books are my third place ». Suis-je émotionnellement dévastée ? Oui. Bouleversée et pas sûre de m’en remettre jamais ? Oui. […] Je n’étais pas préparée à ce que ce livre soit à ce point déchirant. Je me suis même remise plusieurs fois à pleurer en écrivant ce compte rendu. […] C’est peut-être l’histoire la plus brutale qu’elle ait jamais écrite.  Prêt(e) à y entrer ? »


À la fin du premier chapitre, un coup de feu a retenti, et la tête d’un garçon a « explosé », cite The Economist. Un peu plus tard, la tête d’une fille craque et s’ouvre sur le sol, le sang se répandant sur sa natte. Une autre est empoisonnée et « le sang se met à sortir de ses yeux, de son nez, de sa bouche ». L’œil d’une troisième est sorti de son orbite. Le héros est éviscéré. Son amoureuse est empoisonnée et « une écume sanglante fait des bulles sur ses lèvres ». 


C’est déjà le livre le plus vendu sur Amazon. Inaugurée en 2008, la série s’est écoulée à plus de 100 millions d’exemplaires dans le monde. Les traductions sont quasi simultanées (la version française de la dernière livraison est sortie le 20 mars). Les lecteurs, en majorité des lectrices, sont ce que les éditeurs anglo-saxons appellent les young adults, une catégorie extensive allant de 13-14 à 35 ans voire 40 ans. Les livres donnent bien sûr lieu à des films, dont les premiers ont déjà engrangé quelque 4,4 milliards de dollars « ajustés pour l’inflation », calcule The Economist.  


Chaque épisode est fondé sur le même scénario, inspiré de la légende du Minotaure mais aussi du 1984 d’Orwell, de la prégnance des réseaux sociaux et des angoisses latentes : chaque année, les douze districts d’un État dictatorial désignent par tirage au sort deux enfants appelés à se battre à mort les uns contre les autres. Ils sont filmés par des caméras omniprésentes et la nation tout entière est rivée au spectacle sur des écrans. Les combattants les plus appréciés étant « likés », ce qui leur donne des avantages.


D’une façon générale, les dystopies pour « jeunes adultes » jouissent d’une « immense popularité », constate Gregory Claeys, professeur à l’université de Londres. La catégorie de livres dans laquelle Hunger Games figure en tête s’intitule « Books on Death for Young Adults ».  

LE LIVRE
LE LIVRE

Hunger Games. Lever de soleil sur la moisson de Suzanne Collins, Pocket Jeunesse, 2025

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