Publié dans le magazine Books n° 45, juillet-août 2013. Par Julia Luzán.
« On a imposé un signe distinctif pour les Juifs, qui est plus ou moins comme ça [dessin d’une étoile à six branches]. » Ainsi commence, en septembre 1941, le journal d’un adolescent juif de Prague, passionné de Jules Verne, déjà romancier et dessinateur en herbe. Il y raconte le quotidien de sa ville occupée par les nazis avec un regard d’enfant, avant d’être déporté.
La navette spatiale américaine Columbia allait atterrir en Floride dans seize minutes. Il était neuf heures du matin (heure locale), ce 1er février 2003. Les sept membres d’équipage avaient parlé avec la base de l’état du vaisseau quelques moments auparavant. Parmi eux, Ilan Ramon, le premier astronaute israélien, 47 ans, venait de ranger dans sa poche une petite bible et le dessin d’un enfant juif mort à Auschwitz. Lors de son entrée dans l’atmosphère, la navette se désintégra. La catastrophe permit de découvrir la tragédie du jeune Petr Ginz, un adolescent juif de Prague, qui fut l’une des victimes de l’Holocauste.
« Il y a combien de temps déjà/que j’ai vu pour la dernière fois/se coucher le soleil sur Petrin (1)…/Il y a presque un an que je suis dans ce trou/avec à peine quelques rues au lieu de tes avenues./Comme un animal sauvage enfermé dans une cave… » Ce poème fut écrit en 1942 par le jeune garçon que la catastrophe de Columbia a fait revivre, alors interné au camp de concentration de Terezin, dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Petr allait pé...