Publié dans le magazine Books n° 48, novembre 2013.
Enrique Metinides a vu des corps criblés de balles, taillés en pièces, écrasés, électrocutés, noyés, empoisonnés… Pendant cinquante ans, il s’est débrouillé pour être toujours le premier sur place quand survenait un meurtre, un accident de la route ou un crash aérien à Mexico. En parvenant à éviter, autant que possible, le voyeurisme.
Enrique Metinides avait 12 ans lorsqu’il photographia son premier cadavre : c’était sur une voie ferrée, la tête était presque séparée du corps. « L’image, prise avec un vieil appareil photo offert par son père, se retrouva dans le journal. Ce fut le début d’une carrière passionnée », rapporte Boris Müller dans le Tages-Anzeiger.
Pendant plus d’un demi-siècle, Metinides a été le photographe d’une métropole tentaculaire, Mexico, qui est en permanence « comme une Cocotte-Minute sur le point d’exploser », rappelle Trisha Ziff dans l’ouvrage qu’elle consacre au photographe mexicain d’origine grecque. « Chaque jour quelqu’un s’y fait réduire en bouillie ou quelque chose y explose. » Les accidents de la circulation sont légion. S’y ajoutent les catastrophes naturelles (inondations et tremblements de terre) et, bien entendu, les innombrables meurtres…
Metinides ne voulait rien rater et a toujours cherché à être le premier sur place. « Il a suivi une formation d’infirmier pour pouvoir accompagner les ambulances. La nuit, il se couchait tout habillé et laissait allumée la radio de la police », note Boris Müller.
Son surnom d’« El Niño » («...