Les racines de l’islamisme

Si l’on entend par « islamisme » l’idéologie visant à faire de l’islam un argument politique, ses racines les plus anciennes et les plus profondes sont aisément identifiables. Elles tiennent aux humiliations successives nées des différentes formes de la colonisation occidentale en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. L’islamisme est assez logiquement né en Égypte après la Première Guerre mondiale. Mais dès la Seconde, on voit dans ce pays le mouvement se scinder en deux courants principaux, l’un jouant la carte de la réforme sociale et de la conquête progressive des esprits, l’autre plaidant pour la lutte armée. La figure centrale est ici celle de Sayyid Qutb, exécuté par Nasser en 1966. C’est en quelque sorte le Marx de l’islamisme radical, le théoricien auquel continuent de se référer Al-Qaïda et les jihadistes. Pour être la plus visible, cette tendance est cependant loin d’être la plus répandue. En jouant le jeu de la composition avec les régimes militaires puis celui de la démocratie, les Frères musulmans égyptiens ont illustré la prégnance de l’idée réformatrice au sein même de la galaxie islamiste. Mais ils n’ont pas su gérer la tension entre leur attachement à l’orthodoxie religieuse et les exigences de l’exercice du pouvoir. En particulier, ils n’ont pas cédé un pouce de terrain sur la question du statut de la femme. Du coup, au moins au Caire, les espoirs nés du « Printemps arabe » se sont envolés. On se gardera de généraliser, cependant, car l’islamisme en Égypte n’est pas l’islamisme en Tunisie, ni a fortiori en Iran. En France, malgré l’existence d’un courant salafiste et les appels de certains prédicateurs, l’immense majorité des musulmans vivent leur religion en paix avec les codes culturels dominants.   Dans ce dossier :

ARTICLE ISSU DU N°48

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