Sauvée de l’anoxie
Publié en juin 2024. Par Books.
« Il est plus difficile de faire un roman facile qu’un roman difficile », confie Miguel Ángel Hernández dans Letras Libres. L’écrivain murcien (de Murcie, en Espagne), qui est aussi historien de l’art, a réécrit Anoxia dix fois avant de parvenir à un résultat qui le satisfasse. L’histoire est celle d’une femme dont la vie s’éteint du fait de la mort de son mari dans un accident de moto après une violente dispute entre eux au cours d’une fête. Elle possède un studio de photographie et un jour, dix ans après le drame, elle reçoit l’appel d’un homme qui lui confie la mission de photographier une personne décédée. Lui-même est photographe. Plus âgé, veuf lui aussi, il est proche de la retraite. Se noue entre eux une relation complexe, instaurée autour de cette tradition ancienne de photographier les morts. Elle reprend goût à la vie et son corps aussi se ranime grâce à une relation sexuelle qui s’instaure avec un autre homme, un bureaucrate sans scrupules. Elle avait cessé de respirer (anoxie), elle respire : telle est la métaphore centrale du livre, dont l’action, proche d’un thriller, se déroule sur les bords de la plus grande lagune salée d’Europe, la mer Mineure, au sud de Murcie – laquelle souffre elle aussi d’anoxie (les poissons meurent). L’auteur dit avoir également voulu illustrer « l'idée de comment l’art permet de surmonter le deuil […], comment les paroles et les images s’inscrivent dans la mémoire et permettent de prendre en charge le passé et de continuer d’avancer. » Hernández, dont deux romans ont été traduits en français, estime être parvenu à ressentir et rendre la douleur d’un personnage féminin.