Chère correspondance
Publié dans le magazine Books n° 50, janvier 2014. Par Simon Garfield.
Déjà très affaibli par nos vies saturées de travail et de distractions, l’art épistolaire est désormais menacé de disparition par la généralisation des e-mails.
La romancière J. K. Rowling n’a pas pour habitude de s’exprimer sur les livres des autres. Elle l’a pourtant fait, en 2006, dans un article consacré à Decca, savoureux recueil de la correspondance de Jessica Mitford. L’auteure d’Harry Potter louait l’esprit rebelle, le courage, l’humour et l’irrévérence dont elles étaient l’expression, tout en remarquant à quel point ces lettres offraient de leur auteure une image bien plus complète que ses autobiographies. On l’y voit souvent aux prises avec les opinions et les caprices de ses sœurs, et tirer à boulets rouges sur tout ce que ce monde compte de brutes. Rowling sait reconnaître un livre palpitant quand elle en croise un : la correspondance de Jessica Mitford est proprement fascinante.
Voilà près de deux siècles que nous pleurons l’extinction de l’art épistolaire. Ce deuil a bien sûr commencé avant le téléphone, le fax et le courrier électronique ; aux yeux de beaucoup, le mal remonterait à 1840, quand l’élite se plut à penser que l’apparition du timbre adhésif et du service postal universel allait avilir cette forme d’art qu’il...
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