Les tableaux perdus de Caspar David Friedrich
Publié en mars 2024. Par Books.
Outre-Rhin, 2024 ne sera pas seulement l’année Kant (dont on fête le tricentenaire de la naissance). Elle sera aussi l’année Caspar David Friedrich, né, lui, il y a tout juste deux cent cinquante ans. Tandis que les expositions se multiplient à Berlin, Hambourg ou Dresde, un livre événement est consacré au grand peintre romantique allemand. Il est signé de l’incontournable Florian Illies, qui, fidèle à la méthode qui a fait son succès depuis 1913. Chronique d’un monde disparu (Piranha, 2014), propose un habile tissage d’observations et d’anecdotes savoureuses. « La magie du silence » (c’est le titre de l’ouvrage) ne porte pas tant sur Friedrich lui-même que sur le destin de ses tableaux. Comment ils furent compris ou incompris, oubliés et redécouverts, souvent aussi détruits. Ce dernier point est l’un des plus stupéfiants du livre : « Je n’avais aucune idée du nombre de tableaux de Friedrich qui avaient été perdus dans différents incendies ! », avoue la critique littéraire Elke Heidenreich dans le Süddeutsche Zeitung. Lors de celui du Palais de verre de Munich, en 1931, ce sont ainsi rien moins de neuf toiles du maître qui disparurent. Le même nombre qu’en 1901 quand sa maison natale était partie en fumée. La Deuxième Guerre mondiale, bien entendu, n’arrangea pas les choses. Si l’on ajoute diverses autres combustions qui emportèrent une toile par-ci, deux toiles ou plus par-là, c’est à se demander par quel miracle il nous en reste encore.