De la littérature russe comme science politique

Un leader géorgien qui a tout d’un Ivan Karamazov, des Ukrainiens semblables à ces personnages de Tchekhov qui rêvent d’un monde meilleur en laissant passer le train de l’histoire, une Russie pareille à la bourgade corrompue et mesquine d’une pièce de Gogol… Rien de tel que les classiques russes pour comprendre la destinée des pays de l’ancienne Union soviétique.

Il y a une vingtaine d’années de cela, quinze nouveaux pays émergeaient de l’épave naufragée de l’Union soviétique, éclats hétéroclites du monolithe brisé. Un seul roman national engendrait quinze histoires. Et, depuis, la plupart des spécialistes de la région peinent à suivre : comment raconter ces multiples sagas ?

Avec le recul, il est clair que les observateurs occidentaux n’ont pas su prédire, ni expliquer, l’évolution de ces nouveaux États : leurs embardées d’une crise à l’autre, leurs étranges systèmes politiques hybrides, leur stabilité dans l’instabilité. Il est vrai que les analystes ont longtemps essayé de projeter des modèles inspirés du reste du monde (« transition vers l’économie de marché, « évolution d’un régime à parti unique ») sur ces contrées, dont l’histoire et la culture sont pourtant fort différentes de celles de l’...

LE LIVRE
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Le Révizor de De la littérature russe comme science politique, Gallimard, coll. « Folio »

ARTICLE ISSU DU N°60

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