« Nous sommes les champions toutes catégories du copiage »
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Baptiste Touverey.
Qu’est-ce qui confère à l’homme une telle supériorité par rapport aux autres animaux ? Dans une synthèse magistrale, Kevin Laland propose une relecture de l’émergence de la spécificité humaine à l’aune de la théorie de l’évolution et des expériences ambitieuses qu’il a menées.
Votre livre s’ouvre sur un constat : il existe un fossé entre l’être humain et les autres espèces animales. Ce constat, vous ne cessez de le réaffirmer par la suite. N’est-ce pas un peu à contre-courant de la vogue actuelle consistant à souligner notre proximité avec les autres animaux, à leur découvrir une intelligence et une sensibilité presque semblables aux nôtres, à leur reconnaître des droits, à s’interdire même de les manger ?
On peut exagérer les ressemblances ou exagérer les différences. Pendant longtemps, on a exagéré les différences. Puis Darwin et ses héritiers spirituels ont fait des découvertes qui les ont considérablement réduites. Une longue liste de prétentions à l’unicité – les humains seraient la seule espèce à utiliser des outils, à enseigner, à imiter, à communiquer à l’aide de signaux dotés de sens, à posséder le souvenir des événements passés et à anticiper ceux à venir – ont été réfutées par la science. Pour autant, le caractère distinctif de la cognition humaine par rapport à celle...