Comment l’Annapurna et l’Everest furent vaincus
Publié dans le magazine Books n° 122, novembre-décembre. Par Ed Douglas.
Dans les années 1950, Français, Suisses et Britanniques se tirent la bourre pour gravir les premiers les plus hauts sommets du monde. Une affaire de prestige où l’entregent diplomatique joue un rôle au moins aussi crucial que le talent et la détermination des alpinistes.
L’amélioration des liens diplomatiques [du Népal] avec les pays occidentaux était plus qu’excitante pour les alpinistes du monde entier. L’Himalaya et le Karakoram comptent quatorze montagnes de plus de 8 000 mètres, dont huit se trouvent au Népal en tout ou partie. Si un certain nombre de grimpeurs avaient dépassé cette altitude, aucun des pics n’avait été atteint avant 1950 et toutes les cimes népalaises restaient hors d’atteinte. En 1960, ce n’était plus le cas que d’une seule. En 1956, sept des huit népalaises étaient vaincues. Ce fut une véritable orgie d’alpinisme. Plusieurs, tant avant qu’après guerre, avaient souhaité que des grimpeurs de pays divers puissent s’associer pour escalader ces géants. Cela ne se produisit pas. Une seule équipe internationale s’était attaquée à l’une des cimes de 8 000 mètres, le Dhaulagiri, septième sommet du monde. Les personnes privées ne pouvaient se permettre ces escalades qui nécessitaient l’intervention d’associations sportives nationales, seules capables de réunir les financements et de triompher des difficultés diplomatiques pour les permis...