Et si la crise démographique n’en était pas une ?
Publié dans le magazine Books n° 122, novembre-décembre. Par Fernando Belinchón.
Un peu partout en Europe, et récemment en Chine, on s’inquiète de la baisse de la natalité et de l’hiver démographique qui vient. À contre-courant des prophètes de malheur, un chercheur espagnol soutient que la crise tant annoncée n’en est pas une. Et va jusqu’à se féliciter de la situation actuelle, en ce qu’elle témoigne de plusieurs avancées cruciales pour l’humanité.
Dans le débat public, lorsque l’on parle de l’évolution du taux de natalité et de la pyramide des âges, des expressions telles que « hiver démographique », « vieillissement de la population » ou « effondrement des naissances » sont monnaie courante. Aucune d’entre elles n’a de connotation positive et toutes semblent présager d’une véritable catastrophe vers laquelle l’humanité se dirigerait à mesure que le PIB par habitant augmente. Les données sont là. Il est vrai que, depuis le milieu des années 1960, le nombre d’enfants par femme n’a cessé de diminuer à l’échelle mondiale, tandis que le revenu par habitant suivait une tendance inverse. Mais d’autres variables sont bien souvent occultées : et si la crise démographique tant annoncée n’était pas vraiment une crise ?
De prime abord, l’idée paraît aberrante. C’est pourtant ce que soutient Julio Pérez Díaz, démographe au Conseil supérieur de la recherche scientifique [le CSIC, principal organisme public de recherche en Espagne]