Une démocratie sacrifiée
Publié dans le magazine Books n° 121, septembre-octobre 2022. Par Olivier Postel-Vinay.
Il était dans la logique de l’Histoire que la Chine reprenne Hongkong à l’empire de Sa Majesté. Mais la manière dont les Britanniques ont lâché les démocrates hongkongais en dit long sur la diplomatie occidentale.
En juillet 1997, lors de la rétrocession de Hongkong à la Chine, Chris Patten, le dernier gouverneur britannique, tint un discours optimiste. Selon le principe énoncé en 1984 par Deng Xiaoping, « un pays, deux systèmes », « le peuple de Hongkong va pouvoir gouverner. C’est la promesse, et c’est la destinée, que rien ne viendra ébranler ». Mais, comme l’atteste son journal, il n’y croyait pas lui-même. D’après l’accord de 1984, Hongkong devait garder son autonomie pendant cinquante ans après la rétrocession, donc jusqu’en 2047. Cependant, la loi fondamentale annexée aux accords sino-britanniques ne laissait en réalité qu’une faible marge de manœuvre aux Hongkongais. Toutes les nominations importantes devaient être approuvées par Pékin. Le mouvement de plus en plus pressant en faveur du suffrage universel se heurta à un mur, provoquant en 2014 la « révolution des parapluies ». En juin 2019, pour protester contre un projet de loi prévoyant de juger en Chine continentale les personnes soupçonnées de visées subversives, plus de 1 million de Hongkongais ont manifesté pacifiquement en formant de longues chaînes...