Plus durs seront les temps
Publié dans le magazine Books n° 113, mai 2021.
Bonne nouvelle : les inégalités vont se réduire. Mauvaises nouvelles : l’inflation va reprendre et les gouvernements auront de la peine à financer la dette et les retraites.
L’un des paradoxes de la science économique est que les prévisions à long terme ont plus de chance de se réaliser que celles à court ou moyen terme. Comme le montre la pandémie actuelle – ou des événements comme le choc pétrolier de 1974 ou la crise financière de 2008 –, les prévisions à brève échéance volent en éclats à l’arrivée du moindre « cygne noir ».
Il peut en aller autrement des prévisions à long terme, si elles intègrent les tendances lourdes, de caractère structurel, susceptibles de résister aux accrocs de l’Histoire. Ainsi les prévisions faites en 1945 par Jean Fourastié sur l’avènement d’une société dominée par les services [lire « Un optimiste impénitent » p. 20]. C’est à un exercice de ce genre que se livrent deux économistes britanniques : l’octogénaire Charles Goodhart, un ancien de la Banque d'Angleterre, et Manoj Pradhan, qui a été l’un des directeurs de la banque Morgan Stanley. Ils appartiennent à des générations différentes, et ce n’est peut-être pas un hasard car leur livre place les différences...