Quelques idées fausses sur l’innovation
Publié dans le magazine Books n° 113, mai 2021. Par Logan Chipkin.
Peu de phénomènes sont aussi mal compris que l’innovation technologique. Qu’on pense à l’ordinateur, à la vaccination, à l’ampoule électrique ou à la machine à vapeur, il s’agit pour l’essentiel d’un processus progressif, imprévisible, de nature collective. L’impact d’une innovation est surestimé à court terme et sous-estimé à long terme.
Une invention doit être « suffisamment pratique, fiable et omniprésente pour qu’elle vaille la peine d’être utilisée », écrit Matt Ridley. Ici, le film Chérie, j'ai rétréci les gosses (États-Unis, 1989).
Si vous lisez ceci en ligne, c’est que vous profitez du réseau mondial d’information que nous appelons Internet et d’un appareil électronique connu sous le nom d’ordinateur. Pour une grande partie du monde, l’accès à ces technologies est suffisamment courant pour être tenu pour acquis, et pourtant, elles n’ont émergé qu’au siècle dernier. Il y a quelques centaines de milliers d’années, l’humanité est née dans un état d’indigence hobbesienne, nue au sens littéral comme au figuré. Nous sommes toutefois parvenus à résoudre une énorme série de problèmes pour atteindre les sommets du monde moderne et nous continuons de le faire (à l’échelle mondiale, l’extrême pauvreté n’a jamais été aussi basse : elle ne touche plus que 9 % de la population). Quels sont les ingrédients nécessaires pour résoudre ces problèmes, pour améliorer la condition humaine ? Dans How Innovation Works, Matt Ridley étudie la nature du progrès en dévoilant les histoires cachées derrière certains des développements qui ont rendu nos vies modernes possibles [lire notre entretien...