L’intelligence en berne
Publié dans le magazine Books n° 112, novembre 2020. Par Nataly Bleuel.
Après plusieurs décennies de forte hausse dans les pays industrialisés, le QI semble être orienté à la baisse depuis les années 1990. En cause, la prolifération des écrans, la carence en iode, les perturbateurs endocriniens et d’autres facteurs environnementaux. Sommes-nous pour autant plus bêtes qu’avant ?

Des tablettes en classe ? Vraiment pas une bonne idée, à en croire le neurobiologiste allemand Martin Korte. L’utilisation trop fréquente d’outils numériques fait baisser les résultats scolaires.
La région d’Otago, en Nouvelle-Zélande, est une péninsule. Eaux tumultueuses, falaises, albatros… C’est là que vit et que continue de travailler, à 85 ans passés, James Flynn, professeur émérite de philosophie à l’université de Dunedin, une ville de 130 000 habitants de style victorien.
Flynn est une célébrité. Il doit sa notoriété à un article qu’il a publié en 1987 dans la revue Psychological Bulletin, après trente ans d’une discrète carrière universitaire. Un jour de 1980, il feuillette le manuel d’un test d’intelligence. Le test et le manuel datent de 1972. Il est expliqué dans les premières pages qu’un groupe d’enfants a passé non seulement ce test, mais aussi, à titre de comparaison, sa version précédente de 1947. Et il y a une autre information : les enfants ont obtenu un score moyen de 108 à l’ancien test – soit 8 points de plus que leurs prédécesseurs de 1947. Que s’est-il donc passé ? se demande Flynn. Les enfants de 1972 seraient-ils plus intelligents que leurs camarades de vingt-cinq ans plus tôt ?
Flynn s’assoit devant sa machine à écrire...