Publié dans le magazine Books n° 6, juin 2009. Par Beatrice Cassina.
Indigné par la déshumanisation de la conduite de la guerre, Wafaa Bilal s’est offert pour cible des tirs virtuels des internautes pendant un mois. L’artiste américano-irakien raconte cette expérience dans un livre.
Le 5 mai 2007 commença, à la galerie Flatfile de Chicago, la performance
Domestic Tension de l’artiste américano-irakien Wafaa Bilal. Un mois durant, il s’est enfermé dans une petite « cellule » à l’intérieur du lieu d’exposition. Disponible 24 heures sur 24 pour quiconque souhaitait le rencontrer, il était surtout en permanence sous le regard des internautes à travers une webcam. Et le cybermonde pouvait agir en lui tirant dessus avec un pistolet de paint-ball chargé de peinture jaune, qui se déclenchait grâce aux impulsions provenant du site Internet créé à cet effet. Définie par le
Chicago Tribune comme « l’une des œuvres d’art politique les plus fortes de ces dernières années », cette performance a été saluée par l’attribution à Wafaa Bilal du titre d’artiste de l’année par ce même journal.
La maison d’édition de San Francisco City Lights a récemment publié
Shoot An Iraqi. Art, Life and Resistance Under the Gun, livre dans lequel Bilal fait alternativement le récit de son mois de captivité volontaire sous les tirs et de sa vie en Irak, sous Saddam Hussein, pendant la guerre Iran-Irak et...