Publié dans le magazine Books n° 26, octobre 2011. Par Minh Tran Huy.
Inlassable explorateur des failles du rêve américain, Russell Banks traque dans son dernier roman les démons d’une société où les nouveaux médias assurent l’omniprésence de la pornographie et la peur de la délinquance sexuelle, où l’exaltation de la transparence n’a d’égale que l’obsession de la surveillance. Quand le bracelet électronique devient une métaphore de la condition humaine.
Né en 1940 dans le Massachusetts, dans un milieu modeste, Russell Banks est l’un des plus célèbres romanciers américains actuels. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il est connu pour ses personnages de marginaux et son engagement politique.
Pourquoi avoir choisi un délinquant sexuel comme héros de votre nouveau roman ?
Je vis à Miami six mois par an et, il y a quelque temps, j’ai vu apparaître un groupe de sans-abri. Des délinquants sexuels uniquement, dont les crimes allaient de l’exhibitionnisme au viol en série. Du fait des restrictions légales, ils n’avaient pas le droit de se trouver à moins de 750 mètres de tout lieu susceptible d’accueillir des enfants – théâtre, école, bibliothèque, immeuble – et même les refuges pour SDF leur étaient interdits. Ils en ont été réduits à se rassembler sous le pont d’une autoroute que je peux voir depuis ma fenêtre, et les policiers eux-mêmes ont pris l’habitude de les déposer là. Ils ont construit un camp, avec des tentes, des cabanes faites de bric et de broc… Un...