Publié dans le magazine Books n° 25, septembre 2011. Par May Berenbaum.
Dépourvus d’intelligence individuelle, les insectes sociaux ont pourtant beaucoup à nous apprendre en matière d’intelligence collective, tant leurs sociétés sont sophistiquées. Les fourmis ont déjà permis à American Air Liquid d’optimiser sa gestion. Et nos élus feraient bien de s’inspirer des abeilles pour rendre des arbitrages pertinents et consensuels.
En février 2009, peu après sa défaite à l’élection présidentielle américaine, le sénateur John McCain posta sur sa page Twitter une liste des « dix articles les plus superflus » du projet de budget qui était alors soumis au Congrès. En dixième position, on pouvait lire : « 1,7 million de dollars pour une usine à abeilles à Weslaco, Texas. » L’« usine à abeilles », pour reprendre l’expression, c’est en fait le Centre de recherches agricoles subtropicales Kika de la Garza. Rattaché au ministère de l’Agriculture, il abrite un programme de préservation de ces insectes. La même année, McCain a qualifié de « gaspillage gouvernemental » deux projets de recherche sur les fourmis. « J’étais loin de me douter, déclara-t-il, que les principales universités de mon État, l’Arizona, abritaient une telle expertise sur les fourmis. Je le dis avec une pointe de fierté, mais je ne suis pas certain que cela justifie de dépenser l’argent du contribuable. » S’il n’en est vraiment pas convaincu, McCain pourrait se procurer un exemplaire du dernier ouvrage de Peter Miller,
Smart Swarm (1) (« L’essaim intelligent »), qui explique comment les fourmis, ainsi que d’...