« Avoir ou non une tombe m’indiffère »
Publié dans le magazine Books n° 45, juillet-août 2013. Par Corinne Atlan.
Exécutée en janvier 1911 à Tokyo avec onze de ses camarades pour avoir envisagé d’assassiner l’empereur, la jeune anarchiste japonaise Suga Kanno a laissé un émouvant journal relatant ses derniers jours en prison.
Au Xe siècle, les dames de la cour impériale de Heian fondent le genre littéraire du journal intime – nikki, littéralement « notes journalières » – en faisant usage d’une nouvelle écriture simplifiée (kana), réservée aux femmes. Ironie de l’histoire, mille ans plus tard, c’est également sous la forme du nikki que Suga Kanno, féministe et anarchiste, exprimera son violent rejet d’un pouvoir impérial injuste et totalitaire, après son arrestation pour « crime de lèse-majesté ». Elle rédigera ce volumineux journal, entrecoupé de poésies de style traditionnel, pendant les quelques jours qui séparent sa condamnation, le 18 janvier 1911, de son exécution, le 25 janvier. Nous en publions ici des extraits.
Victime de mauvais traitements et d’un viol dans son enfance, Suga Kanno se tourne dès l’adolescence vers le socialisme et le féminisme naissants. Engagée à 20 ans comme journaliste dans un quotidien d’Osaka, elle publie un roman pacifiste dans le Japon belliqueux de 1903, qui se prépare à entrer en guerre avec la Russie. Après une liaison avec le responsable socialiste Kanson Arahata, elle devient la compagne de l’anarchiste Shûsui Kôtoku...
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