Publié dans le magazine Books n° 80, novembre - décembre 2016. Par Owen Flanagan.
Les Entretiens sont l’un des livres les plus lus au monde. Souvent considérés comme un simple manuel de développement personnel, les propos du moraliste chinois prodiguent pourtant bien davantage que des conseils pour mener une bonne vie. Dans une Chine en plein chaos, le maître réinvente la vie morale et politique. Un système éthique où le pouvoir revient à l’homme vertueux qui « ne prêche rien qu’il n’ait d’abord mis en pratique ».
Selon les estimations les plus fiables, Confucius vécut entre 551 et 479 avant notre ère. On appelle
Entretiens ou
Analectes son petit livre de sagesse – recueil de proverbes, maximes, conseils mémorables, courtes paraboles et autres observations mordantes sur la meilleure façon de vivre sa vie. Fruit d’un processus de rédaction et de compilation qui mobilisa deux générations de disciples, le texte fut achevé vers 400 av. J.-C., peut-être l’année même où Socrate trouva la mort à Athènes. « Analectes » signifie « bribes littéraires » ou « morceaux et passages variés ». C’est un traducteur anglais du XIXe siècle, James Legge, qui nomma ainsi le recueil de Confucius, et, malgré son obscurité, le titre est resté. Dans sa traduction littérale en anglais, Chichung Huang soutient de manière convaincante que la meilleure façon de rendre le titre original (
Lun Yu) est « Dialogues éthiques » (1). Cela semble tout à fait légitime pour un traité présenté essentiellement sous forme de propos introduits par la formule « le Maître dit que » ou de questions suivies par les réponses du maître ou de l’un de ses...